"BALLADE DE L'OISEAU DE MER"
"Hommage à Blériot"
signé "Urbain Mô."
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Quand albatros que chanta Baudelaire,
Mouette agile à fouetter les flots bleus,
Votre oeil perçant , qui guette la chimère,
Vit apparaitre un oiseau fabuleux
Ce fut, dans l'air, sur la manche étonnée,
Un aigle auquel toute plume manquait,
Et qui pourtant volait sa randonnée
Vers Dover Castle ou le drapeau claquait.
Vous ignoriez que cet oiseau fantasque,
Non point conçu pour un simple pierrot,
Mais qu'on eut cru tenir de la tarasque,
Etait un homme inoui : Blériot !
Il fonçait droit comme l'albe Angleterre
Avec l'élan le plus audacieux,
Le Daily Mail ayant, pour lui complaire,
Fait miroiter le veau d'or à ses yeux.
Icare fut un mythe , une donnée
Pour un Ovide au poème coquet...
Or dans les stands , en cette matinée,
On s'apprêtait à jouer au cricket
On souleva le bonnet et le casque,
Puis on poussa le hourrah le plus haut
En s'assurant que le grand oiseau-masque
Etait un homme inoui : Blériot !
Le voilà sauf sur la falaise amère,
Ou l'on sentait battre les coeurs houleux
L'air s'apaise en son étoffe claire
Et le moteur sans vie à clos ses feux.
C'est le triomphe ! Et c'est illuminé,
La foule dont l'attente s'appliquait
A distinguer, suivant sa destinée
Dans l'élément qui parfois l'attaquait,
L'Aéroplane au vol sans rien de flasque
Et qui filait avec tant de brio !
Le génial vainqueur de la bourrasque
Etait un homme inoui , BLERIOT.
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